Des semaines interminables déjà que Bobo mordait sur sa chique en attendant de redescendre à Altitude 465 et tenter de franchir l'obstacle verticale sur lequel il s'était arrêté prudemment le 20 aout dernier (voir le CR)
Les camps d'été et autres obligations passés, nous avions mis ça au programme C7lub ce 14 octobre 2022, activité ouverte à tout qui était disponible.
En définitive, avec Bobo bien sûr, seuls Thomas, accompagné de Mimie, et moi même avions répondu présents. Qu'à ce la ne tienne, il n'était pas vraiment souhaitable d'être trop nombreux à la "pointe", les lieux ne s'y prêtant pas vraiment.
C'est relativement bien chargés que nous montons là haut en fin d'avant midi. C'est probablement la plus longue marche d'approche d'un trou en Belgique, en tout cas en dénivellé : quelques 125m.
Dans le trou, il fait archi sec, ce qui n'est pas pour déplaire car évoluer dans du poudingue dégoulinant n'est guère agréable. Je m'engage en premier, parcourant enfin la suite découverte la fois dernière. Pas bien large mais relativement confortable après ce qu'on a connu, et tout en oblique (les "ressautes-moutons").
La seule chose regrettable, c'est qu'au delà de cet étau de poudingue bien compact qui nous a arrêté si longtemps, la "texture" des parois changent. Arrivés sur une trémie verticale, ça en devient problématique, tout à tendance à s'effriter. D'ailleurs, à sa base, il me faut y aller des pieds pour me frayer un passage, la pente de cailloux s'étant certainement un peu laissée aller. Et tout ça vient s'entasser sur une lèvre de puits oblique où un tapis de galets et autres rochers engoncés ne demandent qu'à aller plus bas. Saloperie.
Rejoint par Bobo, nous analysons le truc, sans précipitation, question d'appréhender au mieux ces lieux on ne peut plus instables et assez inconfortables, étant dans une interstrate oblique étroite. Première évidence, installer une MC s'impose pour approcher le ressaut qui suit. Ca veut dire trouver un peu de paroi saine. Je choisi placer pour l'instant rois goujons. On verra plus tard pour de bonnes broches si ça en vaut la peine.
Idéalement, il faudrait purger le départ de la verticale mais ce serait peut-être au détriment de la suite qu'on a du mal à percevoir quelques 5 à 6 m plus bas. Stocker les matériaux au dessus est impensable. Alors, avec moultes précautions, je m'engage dans le truc, tellement différent de l'environnement calcaire où on a l'habitude d'évoluer.
Quelques mètres plus bas, bien que ça s'élargisse après, un resserrement m'oblige à fractionner dans un coin. Au moins je m'écarte momentanément de risques de chutes de pierres. Une fois dessous, je suis moins à l'aise. Et pour aller un cran plus bas de cette diaclase, il faut me faufiler dans un pertuis sous un pierre heureusement bien coincée. Encore 4 m, et me voici à une profondeur qui doit dépasser de peu les -25m depuis la surface. Ici, même si les parois ne sont guères plus solides, je ne risque plus grand chose. Je vais aux deux extrémités de la fracture. Celle en "aval" donne sur une ouverture à dégager (ce ne sera guère difficile) derrière laquelle ça dévale bien. Et toujours du courant d'air aspirant.
J'en reste là, remonte et cède la place à Bobo qui va lui aussi sur la pointe des pieds voir le fond, tandis que immobile, je l'attends à mon tour au-dessus du puits. Il remonte en déséquipant la corde et au vu de la place qu'il y a dessous, nous décidons de purger tout ce qui peut des abords du Puits dit "du Purgeatoire", tant il est vrai qu'on espérait mieux que ça. Mais peu importe. Certes, les lieux demandent d'être apprivoiser au mieux mais on reviendra pour poursuivre l'explo. Nous laissons la topo pour une autre fois, de peur que remontés directement en surface après une courte incursion sans prétention dans le trou, nos deux amis ne s'impatientent ou ne s'inquiètent, d'autant qu'ils auront essuyé entretemps une bonne drache.
Avant de redescendre, question de célébrer cette avancée, nous exhumons la dernière bouteille d'Orval planquée à l'entrée il y a dix ans. Elle a pêté telle une bouteille de champagne trop secouée, mais quel nectar mes amis, on s'en souviendra, même si on n'en a eu que quelques gorgées chacun !!!!!